Avec un peu de retard le chapitre 5 enfin !! Enjoy !!
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Une fois arrivé devant chez moi, la poignée tenue par une main, les
clefs dans l’autre je me suis stoppé. Je n’avais pas pensé à
mon « petit ami » une seule seconde depuis que j’avais rencontré
Eidan. Et tout à coup les images me reviennent. Alex dans les bras
d’Hugo. La trahison de l’homme qui partageait ma vie depuis cinq
ans et celle de ma chair, de mon sang, mon meilleur ami et mon
confident. Je faisais quelques pas en arrière, jusqu’à ce que mon
dos touche le mur du balcon. Je fermais les yeux. Comment ont-ils pu
me faire une chose pareille ? Depuis combien de temps couchaient-ils
ensemble ? Mon frère me détestait-il au point de coucher avec mon
amant ? D’ailleurs depuis quand Hugo était-il gay ? Dans mes plus
lointains souvenirs, il avait toujours été attiré par des filles
jolies mais pas très intelligentes. Bon comme la plupart des mecs
hétéro, il aimait plus coucher qu’avoir des relations stables. Et
c’était vrai que depuis plusieurs mois il ne m’avait parlé
d’aucune aventure, même pas un seul coup vite fait bien fait comme
il en a le secret. Non rien de rien. Je ne m’étais pas plus étendu
sur le sujet, me disant que son travail l’accaparait trop pour
qu’il ait le temps de se divertir. Mais jamais je n’ai vu de
garçons dans ses conquêtes … Il m’en aurait parlé s’il avait
eu une attirance quelconque pour les garçons, non ? Trop de
questions, trop d’incertitudes. Il me fallait des réponses.
J’ouvrais les yeux. Je me décidais donc à entrer dans notre
appartement. En ouvrant la porte je me retrouvais frapper par un
ouragan de souvenirs. Des rires, des nuits de passions, des crises,
puis des réconciliations. Notre couple avait tenu cinq longues et
belles années, alors pourquoi tout se cassait la figure maintenant.
Je n’avais pas su capter les signes avant coureur du désastre qui
nous attendait, et nous noierait sans autre forme de procès. Cet
appartement nous l’avions acheté avec difficulté. Nos parents nous
avaient dit qu’il était temps que nous nous débrouillions par nos
propres moyens. Ils n’avaient rien dis au sujet de notre sexualité
ou de notre relation. Ils avaient été ce que l’on peut appeler des
parents exemplaires, autant de mon côté que de celui d’Alexandre.
Travaillant d’arrache pied pour offrir une vie confortable à leurs
enfants mais ils avaient tout de même été présents dans nos vies.
Hugo nous avait dis que partir du cocon familial aussi jeune
c'est-à-dire à 19 ans, relevait de la folie. Mais nous ne l’avions
pas écouté, trop amoureux, trop pressés de vivre, trop grande envie
d’indépendance. Avant d’avoir cet appartement, nous avons vécu
dans une sorte de trou à rat. Puis de petits boulots en petits
boulots, nous avons réussi à économiser pour avoir notre chez nous.
Un véritable coup de foudre. Un grand appartement, dans un quartier
tranquille. Ni trop loin de ma faculté, ni du travail d’Alex. Il
était parfait. Il nous correspondait parfaitement et de plus il
était à la moitié du prix du marché. Un véritable cadeau. On
avait signé le jour même de peur de voir cette merveille
disparaître sous notre nez. Le plus dur avait été pour la
décoration. Alex et moi avons des gouts vraiment disparates,
impossible de trouver quoique ce soit de semblable chez l’un ou chez
l’autre. C’est à se demander comment nous avons pu rester si
longtemps ensemble. Et dire que je ne le réalisais que maintenant.
Tant de travail, tant de patience et de compromis. Tout ça anéantit
par son infidélité, tout ça pour du sexe. Je l’espérais, ce
n’était pas juste pour ça. Je l’espérais mais je le craignais
en même temps. Ça remettrait en cause tout notre couple. Nous sommes
nous jamais aimés ? A peine avais-je mis un pied dans l’appartement
qu’Alex me sauta dessus, visiblement très en colère. _ Mais où
étais-tu ? Je me suis inquiété ! J’ai cru que quelque chose de
grave t’étais arrivé ! Et pourquoi tu ne répondais pas à ton
portable ? Où as-tu passé la nuit ? Tant de questions en quelques
secondes, c’est fatiguant. Le pire de tout c’est qu’il avait
l’air sincère. Un vrai comédien. Et puis à l’instant j’avais
l’impression d’être hétéro et que ma bonne femme m’attendait
avec le rouleau à pâtisserie dans la main parce que j’avais pris
une cuite avec mes potes et que je n’étais pas rentré de la nuit.
Le truc complètement hallucinant quand on est gay, on s’y attend
vraiment pas. _ Alors ? Tu vas finir par me répondre ? Où étais-tu
? Il commençait sérieusement à s’impatienter face à mon mutisme.
Et franchement à l’heure qu’il est je n’avais aucune envie
d’être gentil et de répondre à ses questions comme un bon toutou.
Je lui fis mon plus beau sourire. _ Nulle part qui te concerne. Il me
regardait incrédule, avec de grands yeux. _ Comment ça « Nulle part
qui me concerne » ? Tu te moques de moi là ? _ Comment va mon frère
? Voila, le combat était amorcé. Une envie de sadisme ce matin mon
petit Killian ? Oui ça y ressemble bien. Cette phrase fit comme une
massue sur la tête d’Alex. Il était devenu blafard. Il n’était
déjà pas très coloré à l’accoutumé mais là on aurait dis un
mourant. _ Qu … Euh … Comment veux-tu que je le sache ? _
N’était-il pas ici hier soir ? J’ai prononcé cette question
d’un ton froid et détaché. Son regard était devenu vitreux et sa
bouche s’était ouverte en grand. _ Je … Euh … Je _ Tu ? Mon
regard se fixait dans ses yeux presque vident de toute âme. _ Oui …
Euh … il … il est passé récupérer quelques CD. On a un peu
discuté. En me disant cela, il avait commencé à passer sa main
derrière sa nuque et la frottait avec force. C’était un signe de
grande nervosité chez lui. Alex, mon pauvre Alex … Tu ne serais pas
capable de me mentir même si ta vie en dépendait. Je le regardais
avec dédain. Il devrait avouer. Enfin cela ne servirait à rien car
chez moi la rengaine : « faute avouée à moitié pardonnée »,
n’existait pas. Je suis d’un naturel plutôt rancunier. J’ai
bien essayé de changer mais j’ai l’impression que plus les
années passent et moins ça fonctionne. Mais à cet instant précis,
je ne faisais aucun effort pour essayer de lui pardonner. J’aurais
pu lui dire que je savais tout, mais je préférais le voir
s’enliser dans ses mensonges, plus tordus les uns que les autres. _
Je ne rappelle pas qu’il nous en avait passé. De quels CD
s’agissait-il ? Il se mordait la lèvre inférieure, cherchant
rapidement des titres, des groupes de musique pouvant appuyer son
mensonge. Mon regard se fait plus intense. Va-t-il continuer à me
mentir ou tout avouer ? _ Euh … Et bien … Evanescence, The Servant
… Apparemment, il avait choisi la lâcheté. Ça me mettait hors de
moi. Alors là, la coupe était pleine. J’avais été patient. Je
lui avais tendu des perches, il lui aurait suffit de dire la vérité,
aussi difficile soit-elle. Juste dire la vérité. L’être humain
a-t-il si peu de fierté pour se laisser mourir à petit feu dans un
mensonge ? Je ne reconnaissais même plus l’homme en face de moi. Il
avait toujours été le plus courageux de nous deux. Bravant tous les
interdis, juste pour pouvoir rêver un peu plus, juste pour qu’on
puisse s’aimer un peu plus fort. Etait-ce ton but Alex ?
Cherchais-tu à te raccrocher aux petites brides de notre passé pour
sauver les meubles ? Mais il était trop tard, bien trop tard. Dans
notre ciel étoilé, tu y as apporté un orage. Toi et toi seul. Je
serrais les poings, ma colère n’en était que plus grande et je
n’arrivais plus à la maitriser. _ ARRÊTES DE TE FOUTRE DE MA
GUEULE ALEXANDRE ! Il sursauta et fit un pas en arrière. Depuis que
nous sommes ensemble, je ne m’étais jamais énervé, je n’avais
jamais haussé le ton ou parlé de façon désagréable. J’ai
toujours été d’un caractère plutôt doux et surtout docile. Même
si pendant l’acte sexuel j’étais l’actif, au quotidien, on
aurait pu facilement croire que c’était l’inverse. Sa réaction
était donc parfaitement naturelle face à ma colère, vu que je
venais de lui hurler ces paroles. Il réagissait comme un enfant pris
en faute, mais après tout n’était-ce pas le cas. _ Que … Que
veux-tu dire ? Il continuait cependant à jouer les innocents. S’il
cherchait à me mettre encore plus en colère, il y arrivait
parfaitement. Mon sang froid légendaire avait pris la fuite en même
temps que l’air sécurisant qui régnait en permanence dans
l’appartement d’habitude. Alex était encore debout en face de
moi, les lèvres légèrement pincées. Je me suis assis sur une des
chaises qui ornaient la table de la salle à manger, pour pouvoir
commencer mon récit. J’avais besoin de me concentrer pour ne pas
m’énerver plus que je ne l’étais déjà. _ Ce que je veux dire
?!? Je vais t’expliquer, vu qu’apparemment tu ne comprends pas.
Hier j’ai fini plutôt, un de mes cours avait été annulé. Je me
suis dit qu’au lieu de t’appeler pour te dire que j’arrivais,
j’allais te faire une surprise. En arrivant j’ai tout de suite
remarqué la voiture d’Hugo. Cela ne m’a pourtant pas paru
bizarre, en tout cas sur le moment. Mais c’est une fois arrivé dans
l’appart’ que j’ai compris que quelque chose n’allait pas. Les
lumières étaient éteintes, des vêtements éparpillés un peu
partout sur le sol. Je crois qu’à ce moment là mon cœur s’est
brisé. Je n’ai pas voulu y croire, alors j’ai couru jusqu’à
notre chambre. Une fois devant la porte, mon cœur a raté un
battement. Tu criais son nom. Vous vous envoyiez en l’air dans notre
lit, dans nos draps et tu jouissais avec son nom à la bouche. As-tu
ne serait-ce qu’une seule idée du mal que cela m’as fait ? As-tu
pensé une seule seconde à nous pendant que tu baisais avec mon
frère ? MON FRERE BORDEL DE MERDE !! Pendant tout mon monologue, il
n’avait pas bougé. Son corps tremblait et des larmes silencieuses
coulaient déjà depuis quelques secondes sur son visage. Ce visage
d’ange que j’aimais tant. Ses perles bleues larmoyantes pourraient
faire fondre n’importe quoi, n'importe qui, mon cœur y avait assez
succombé pour le savoir. Mais pas cette fois, plus maintenant. Je
baissais la tête, soupirais fortement et serrais les mains aussi fort
que je pouvais. Sous la pression des émotions qui m’assaillaient et
des souvenirs qui remontaient, elles étaient devenues moites. _
Depuis combien de temps vous couchez ensemble ? _ … _ RÉPONDS-MOI !
A ce stade, mon plafond de patience avait été dépassé depuis
longtemps et un seul élément pouvait me faire exploser. Je relevais
mes yeux pleins d’éclair, voulant croiser le sien, lui empêchant
par la même occasion de me mentir un peu plus. Après un moment
d’hésitation, il finissait enfin par me répondre d’une voix
faible et mal assurée. _ Deux … Deux mois … Je soupirais une
nouvelle fois. _ Deux mois … Ils avaient réussi à me berner deux
mois entiers sans que ne me rende compte de rien. Ils arrivaient à me
sourire, pour me poignarder dans le dos le soir quand Hugo venait chez
moi, chez nous. Mais pourquoi ? La trahison d’Alex n’est pas
compréhensible mais envisageable, mais mon frère ? Il n’avait
aucune raison de me faire du mal … Je n’arrivais pas à comprendre
leurs motivations … Ou peut-être qu’il n’y en avait pas en fin
de compte, juste la recherche d’un nouveau frisson, du pur plaisir
sexuel … _ Killian … je … _ Il serait préférable que tu t’en
ailles … _ Que … Quoi ? _ FOUS LE CAMP ! Je te laisse deux heures
pour prendre toutes tes affaires. _ Killian … Mais … _ Je ne veux
plus vous voir, ni toi ni lui. Si tu ne sais pas où aller, tu n’as
qu’à aller chez lui. Quand tu y seras dis lui qu’il n’est plus
mon frère. _ Key … S’il te plait … Je t’a … _ TA GUEULE !
FERME-LA ! Je t’interdis de dire que tu m’aime alors qu’il y a
à peine quelques heures tu te faisais défoncer par mon propre
frère. Maintenant, ramasses tes affaires et barres-toi d’ici. Sans
rien ajouter de plus, il s’en alla prendre ses affaires dans cette
chambre qui jadis fut la notre. De toute façon que pouvait-il dire de
plus ? Tout était là, toutes les preuves. J’aurais sans doute du
lui demander pourquoi, mais je n’en avais pas le courage à
l’heure actuelle. Pour le moment je ne voulais plus rien entendre et
surtout pas sa voix. Je repensais à la nuit que j’avais passé.
Pouvait-on dire que je l’avais trompé aussi ? Cela pouvait se voir
comme cela, mais pourtant je ne ressentais pas ce sentiment de
culpabilité qui vous dégoute de vous-même lorsque vous êtes en
faute. Non rien, sauf de la tristesse, une grande peine, de la
douleur, mais pas de culpabilité. La question se reposait à nouveau
: « Nous sommes nous jamais aimés ? » J’aimerais avoir la
réponse, mais plus je cherchais moins j’avais l’esprit clair.
Après son départ, je me suis allongé dans notre canapé. J’avais
bien pensé à me trainer jusqu’au lit mais rien que le fait d’y
penser cela me donnait mal au cœur. J’ai fermé les yeux et je me
suis vite endormi. Trop d’émotions pour ces dernières vingt quatre
heures.